Je vous passe ce texte que j'ai écrit sur quelques tribunes, et diffusé par courriel.
SURVIVRE OU VIVRE?
Bonjour à vous tous, toutes,
Je ne sais pas ce que vous en pensez de tout cela, mais de cette affaire de marquer notre langue française dans le recensement du Canada, de marquer les autres langues et puis de tout le reste… Mais ne réalisez-vous pas que c’est d’un ridicule? En être réduits ainsi à se demander si on devrait, ou on ne devrait pas marquer ceci, cela, taire notre conscience. C’est un instinct de survie pur qui nous tue à petit feu, qui nous humilie quotidiennement au fil des épreuves.
J’ai décidé suite à ça de signer mon destin Sourd Québécois. Non, ne pas écrire autre chose que français pour le moment * Ravale péniblement ce que je viens d’écrire *. Mais vous rendez-vous compte? Moi, Sourd Québécois, devoir signer mon appartenance francophone intra-canadienne, et taire en toute conscience de cause que ma langue première est la Langue des signes Québécoise, sous peine de disparition… mais je n’existe pas comme Sourd… je disparais des statistiques… je n’existe pas… Mais je n’en éprouve pas moins une appartenance tenace à ma communauté culturelle d’origine, la communauté sourde.
En plus de cela, je signe aussi et fermement aujourd’hui mon devoir de patriote. Si je veux aspirer un jour à vivre sans cette camisole de force statistique, sans cette gymnastique digne de multiples contorsions dans un panier de crabes, je dois accomplir mon œuvre collective. Et je dois en attendant, me réduire au silence le plus total, me contenter de vous partager ceci par écrit, en anticipant le jour que publiquement, je pourrai vous signer mon bonheur d’être Sourd Québécois, et que nous puissions enfin nous dévoiler publiquement.
En somme, je rêve du jour que nous pourrons enfin nous dire collectivement : « De même que j’ai sorti le crabe de ma tête, je l’ai déposé sagement sur le sol de nos anciens champs de bataille. ». Et que nous respirerons d’air pur dans notre vie paisible.
Élie Presseault